La Rue Arthur Weeber vous parle…

La Rue Arthur Weeber vous parle…

Le Saviez-vous : la rue Arthur Weeber

Quand le nom de la rue cache une toute autre histoire que celle de son nom…

De l'art urbain rue Arthur Weeber
De l'art urbain rue Arthur Weeber

Arthur Weeber, avec deux « e », qui est-ce ?

Il était une fois, en 1879, lorsque l’Alsace était allemande, un certain Arthur Weeber est né à Fegersheim.

L’Alsace Moselle était devenue le Reichsland Elsass Lothingen, un morceau de l’empire austro-hongrois du Kaiser Wilhelm. En 1870, la France de Napoléon III, avait perdu la guerre contre le Kaiser et son ministre, le belliqueux Bismarck.

Les Alsaciens Mosellans ont alors changé de pays, de langue, de régime politique. Cent mille d’entre eux se sont réfugiés en France, quand presque autant d’Allemands sont venus s’installer sur la rive gauche du Rhin.

Du coup, le petit Arthur Weeber est né avec la nationalité allemande. On ne sait pas s’il était Alsacien d’origine ou né dans une famille d’émigrés allemands.

Il devait être de bonne famille et très intelligent puisqu’il est devenu médecin cardiologue. Il a fait de brillantes études à l’Université de Fribourg en Brigsau, de l’autre côté du Rhin. Il a vécu longtemps, jusqu’en 1975. Il a été Allemand jusqu’en 1918, puis Français jusqu’en 1940, à nouveau Allemand pendant la Seconde guerre mondiale, et enfin, Français jusqu’ à sa mort. Il est connu comme médecin et surtout un des inventeurs de l’électro-cardiologie.

Une rue au caractère social marqué

Pourquoi, après la Seconde guerre mondiale, à l’époque de la construction de l’ensemble de la Canardière, a-t-on attribué son nom à l’une des rues de cette nouvelle cité ? A cité nouvelle, inventeur moderne ?

L’enquête est à poursuivre parce que ni Archi wiki, ni le site de l’histoire des personnalités alsaciennes n’a apporté de réponses. Il faudrait sans doute rechercher dans les Archives municipales des années 1950. Ce qui est sûr, c’est que, depuis les années 1960, la rue a abrité des œuvres sociales ; d’abord religieuses, comme le Cabinet d’infirmerie des sœurs de la Congrégation Saint-Vincent-de-Paul, puis le logement des vicaires dès 1962. Puis, bien plus tard, en 1981, s’y est installée la Permanence d’Accueil, d’Information et d’Orientation (PAIO), pour les jeunes âgés de 16 à 25 ans. La PAIO rassemblait en un seul lieu et au plus près des besoins des jeunes, des agents de l’aide à l’emploi, des conseillers en insertion professionnelle, des éducateurs, des conseillers d’orientation scolaires et même des assistantes sociales, dans un élan national des services et institutions publiques pour lutter contre cette vague de chômage des jeunes sans diplômes ni qualification. Les journaux titraient alors : « 1 million de jeunes chômeurs ». Depuis plus de trente ans, cet élan s’est transformé en structures d’insertion familières pour de nombreuses générations de jeunes ménovien.nes. La PAIO est devenue la Mission locale. 

Pépinière d’Economie sociale et solidaire (ESS)

Les institutions ont repris leur autonomie, les jeunes ont vieilli, d’autres sans qualifications, sans diplômes, ni emploi, ni solutions, leur ont succédé à mesure que les précédents trouvaient une solution. Si bien qu’aujourd’hui, le parcours jeune, c’est collège-lycée-bac pour la moitié d’entre eux à la Meinau : stage, formation continues, reconversions, parfois le GRAAL, un CDI ! Et aujourd’hui, l’auto-entreprenariat !

Avec le temps, la rue Arthur Weeber a vu naître et croître un nouveau type de jeune : Le, la stagiaire. Il y a toujours des stagiaires, jeunes et moins jeunes, certain.es de ces situations précaires s’appellent des « services civiques, RMISTE, RSA, ou encore RSI ». Autant de trajectoires qui forment un univers de parcours d’insertion nouveaux depuis ces dernières décennies.

Il y a eu de la créativité à la Meinau, avec les initiatives d’insertion comme l’Atelier. L’association créée par Michel Durrive et une équipe d’éducateurs soucieux de sortir des pratiques d’assistanat, a proposé des cours d’informatique dans l’ancien 1000 club, aujourd’hui disparu. La régie de quartier de la Meinau a carrément créé de nouveaux emplois, utiles au quartier, agents de propreté, jardiniers paysagistes et j’en passe.

Ces initiatives d’insertion par l’économique ont vraiment renouvelé le domaine de l’action sociale, et ont fondé ce qu’on appelle maintenant l’Economie Sociale et Solidaire (ESS).

Tout ça, Arthur Weeber ne l’aurait jamais soupçonné. Mais je me demande combien des lecteurs actuels, alors ados dans ces années de cheminement via la Mission Locale, sont aujourd’hui des quadras qui se rappellent une période où, là-bas, ils étaient aidés lorsque l’orientation scolaire ne leur accordait aucune place et lorsqu’il fallait de l’accompagnement personnalisé pour les tirer parfois d’une mauvaise passe. Ce que faisait les équipes de la JEEP, association qui avait fêté ses 50 ans dans cette même rue en 2017 !

La rue Arthur Weeber a une histoire sociale forte où bien des Ménovien.nes se reconnaitront.

MVG, janvier 2022

Source :

https://archives.strasbourg.eu/n/pour-commencer-ma-recherche/n:251

Dictionnaire historique des rues de Strasbourg (2e édition, Strasbourg, 2012), par Maurice Moszberger, Théodore Rieger et Léon Daul.