Le Saviez vous : Place Jean Macé

Le Saviez vous : Place Jean Macé

Le Saviez vous : Place Jean Macé

Aujourd’hui, dans la série des sites éducatifs de la Meinau, j’aborde le nom de Jean Macé ! Ce nom a été donné à une petite place de la vieille Meinau, un peu cachée à l’arrière de la route de Colmar…

Place Jean Macé

C’est une petite place très agréable, ombragée et bordée de maisonnettes accolées. Construite en 1926 par l’entreprise des frères Bartelmebs, cette place a été appelée Jean Macé.

Je la connais bien pour avoir, pendant longtemps, cherché mon pain à la boulangerie qui s’y trouve, et pour l’avoir traversé afin de me rendre à mon agence bancaire, située route de Colmar : c’est un joli raccourci à pied ou à vélo ! Je me suis longtemps demandé pourquoi cette place portait ce nom-là. Alors, j’ai mené mon enquête !

Quel a été mon étonnement de découvrir que Jean Macé, bien connu des milieux éducatifs laïcs, avait une réelle histoire avec l’Alsace, l’éducation des filles, et Strasbourg !

Mais qui était donc Jean Macé ?

Né en 1815 à Paris, Jean Macé est le fils d’une famille d’ouvriers. Son père est conducteur de voitures de roulage. Le jeune homme est un très bon élève du collège Stanislas de Paris,  et poursuit de brillantes études.

Fréquentant les milieux de gauche, il travaille très tôt pour le journal La République.

Dès 1848, et lors de la Révolution de Février, Jean Macé milite en faveur du suffrage universel et pour l’instruction. Selon lui, le droit de vote ne peut fonctionner sans le versant éducation populaire.

Le jeune journaliste et enseignant est contraint de fuir la ville de Paris après le coup d’Etat de Louis Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851. En effet, Jean Macé est un Républicain convaincu, et donc ennemi du nouveau régime mené par un Napoléon III qui s’octroie les pleins pouvoirs.

Fervent défenseur de l’éducation laïque et populaire !

Portrait de Jean Macé

Jean Macé trouve refuge en Alsace, et plus précisément dans la jolie commune viticole de Beblenheim, près de Colmar, dans le Haut-Rhin, où il restera pendant vingt ans !

Privé de droit civiques et d’exercice professionnel, il y ouvre une école privée de jeunes filles : le pensionnat des Demoiselles du Petit Château. Là-bas, il applique sa conception de la pédagogie, très ouverte et originale pour l’époque.

Fervent républicain, laïc, anticlérical et féministe, Jean Macé est comme un cheveux dans la soupe d’une campagne alsacienne à majorité conservatrice. Il ne se fera pas que des amis en ces terres…

Il lutte dur comme fer pour l’accès des filles et des garçons issus de la classe ouvrière à l’éducation. Il décide d’écrire des livres de vulgarisation scientifique à destination des enfants. Parmi lesquels on peut citer, entre autres, Histoire d’une bouchée de pain : Lettres à une petite fille sur nos organes et nos fonctions, publié en 1861. Cet ouvrage connaît un grand succès.

Le but de Jean Macé est d’instruire les couches les plus basses de la population. Pour répondre à cet objectif, il fonde dès 1864, avec l’éditeur Pierre-Jules Hetzel, le Magasine d’éducation et de récréation. Puis, en 1866, il créé la Ligue de l’Enseignement qui défend l’idée d’une école gratuite, obligatoire et laïque [1]. C’est au cours de ces années qu’il se rapproche également de la franc-maçonnerie.

Appels de Jean Macé et début de la Ligue de l'enseignement (1866)

Le 19 juillet 1870, la guerre franco-prussienne éclate. La ville de Strasbourg devient le nœud du conflit ! Dès le mois d’août, la ville est assiégée et plus de deux cent mille obus s’abattent sur elle. Jean Macé est témoin direct du bombardement de Strasbourg, car il est ambulancier pour la Croix-Rouge. Malheureusement, en 1871, l’annexion de l’Alsace à l’Empire allemand est scellée par le traité de Francfort.

Des liens forts avec l’Alsace

Jean Macé avait donc une notoriété certaine en Alsace. Son souvenir est longtemps resté vivace, malgré ses pérégrinations de vie.

Après l’annexion de l’Alsace, le pensionnat des Demoiselles du Petit Château de Beblenheim est transféré à Monthiers dans l’Aisne, où Jean Macé y enseigne jusque sa mort, en 1894.

Depuis Monthiers, il s’engage en politique afin d’intégrer à la jeune IIIe République les idées portées par la Ligue de l’Enseignement.

De réprouvé interdit d’expression politique sous Napoléon III, Jean Macé devient un acteur majeur du nouveau gouvernement républicain.

En 1881-1882, il contribue à la rédaction des lois scolaires portées par Jules Ferry, afin de poser les contours de l’école de la République. En 1883, il devient sénateur.

Le cœur de Jean Macé n’a jamais oublié l’Alsace et Beblenheim !

Lorsque l’Alsace Moselle redevient française, son enseignement et celui de la Ligue de l’Enseignement sont devenus des références pour la scolarisation des Alsacien.nes !

En 1946, à l’issue de la Seconde guerre mondiale, ses cendres ont été transférées à Beblenheim, où il est devenu devient l’enfant du village !

A deux reprises, Jean Macé représenta pour l’Alsace, le symbole de l’espoir en l’éducation comme la meilleure arme contre les guerres. Une éducation populaire, avec des pédagogies avant-gardistes qui font la part belle à l’observation concrète, la vérification des faits et à l’esprit critique. Celles-là même issues d’un parcours de jeune homme issu d’une famille ouvrière, qui s’engagea très tôt au service du plus grand nombre, sans oublier les femmes.

Aujourd’hui, à la Meinau, la place Jean Macé se trouve non loin de la rue Maria Montessori, autre pédagogue remarquable. Vous voyez, il n’y a pas que le Racing à la Meinau !

MVG, 25 mai 2022

[1] Aujourd’hui, la Ligue de l’Enseignement du Bas Rhin se trouve non loin de la Meinau 

15, rue de l’industrie 67400 ILLKIRCH-GRAFFENSTADEN  Tél : 03 90 40 63 70  contact@laligue67.org

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