Le vendredi 13 et samedi 14 octobre, a eu lieu le Festival radio « Les Transition.S » organisé par le média Les Défricheurs. Un temps fort qui a réuni plusieurs acteurs locaux engagés pour l’avenir. Un moment chaleureux, festif et positif, visant à montrer que des solutions concrètes existent pour prendre soin de notre planète !
Deux journées aussi denses que les émissions de gaz à effet de serre !
La journée du vendredi 13 octobre, ne fut pas synonyme de malchance, mais plutôt de découvertes, dans cette salle du manège au Neuhof, transformée en véritable pépinière d’acteurs des transitions écologiques, économiques et sociales. Les Défricheurs ont su réunir une fourmilière d’associations, d’ONG, d’entreprises et de spécialistes qui agissent afin d’apporter des solutions au réchauffement climatique, au gaspillage, à l’énergie. Une autre manière d’aborder la situation qui permet, dans ce flou, d’y voir un peu plus clair. La journée du vendredi, ouverte aux publics scolaires – primaires le matin, et collèges-lycées l’après-midi – s’est déroulée autour de multiples ateliers organisés en parcours sur diverses thématiques.
Le samedi 14 octobre, le festival était ouvert à tout public. Le bar à podcast permettait de diffuser en direct et en continue des émissions radio, avec des invités spécialistes, autour de sujets propres à l’écologie, et en extérieur, différents stands étaient tenus par les acteurs de la scène locale pour valoriser leurs engagements envers la planète, et surtout, sensibiliser à leurs causes. Pas de culpabilisation, ni de dramatisation au menu ! Non, il s’agissait d’aborder ces questions à travers le prisme des solutions, et surtout, inviter à réfléchir ensemble à l’avenir et à nos manières d’exister en tant qu’humain, en société, avec tout ce que cela implique comme conséquences à plus ou moins long terme.
« Ce sont juste des trucs à savoir »
Tri, recyclage, compostage, démarches anti-gaspi, réemploi, upcycling, trocs, réparation, emplois d’avenir dans la transition écologique, mur des défis, jardinage, sensibilisation à la compréhension de notre consommation énergétique, la liste est dense. L’ensemble des participants à ces journées reflétait la richesse, la diversité et l’espoir, valeurs portées par ces personnes qui ont fait de la lutte contre le réchauffement climatique leur quotidien.
Et c’est bien pour cela que ce festival fut nommé « Transition.S », au pluriel. Car cela ouvre les perspectives sur une société en transition écologique, sociale et économique, car l’écologie est aujourd’hui un enjeu transversal.
Ces deux journées furent réellement une bouffée d’air frais, dans un nuage de pollution. Car en peu de temps, beaucoup de choses ont été montrées, apprises, intégrées, comme en témoigne Sonia :
« Je suis venue comme ça, sans idées précises, et j’ai été étonnée de voir tout ce qu’il est possible de faire au quotidien, en fait c’est pas du tout difficile, ce sont juste des trucs à savoir et de nouvelles habitudes à appliquer ».
Ces trucs à savoir, ce sont des gestes simples, que chaque atelier nous apprend, ou que le mur des défis nous rappelle, comme : « Acheter des vêtements de seconde main » ; « Supprimer ses mails » ; « Acheter local, au marché » ; « Utiliser un stop pub sur sa boîte aux lettres » ; « Calculer son empreinte carbone » ; « Prendre des douches au lieu de bains » ; « Composter ses déchets alimentaires » ; « Privilégier le vélo et les transports en commun pour les trajets courts », et bien d’autres choses…
Upcycling, Clothes you turn me
Le stand de l’association Vetis, tenu par une passionnée, Marie-Josée, qui « aime la sappe », proposait plein de vêtements de seconde main, mais aussi de l’upcycling. C’est un peu le concept du « rien ne se perd, tout se transforme ». Marie-Josée est couturière, et elle confectionne de nouveaux vêtements, des pièces uniques, avec de vieux habits ou des bouts de tissus recyclés. J’ai flashé sur une veste en jean, réalisée avec de vieux jeans et des chutes de rideaux en dentelles, ceux que nos grands-mères avaient aux fenêtres de leurs cuisine (et que j’ai encore…) ! Mais aussi, un sac type « banane » ultra large, fait avec une couverture.
« Vetis récupère des dons, tu peux venir nous déposer des vêtements, rideaux, nappes directement dans notre local, route du Cor de chasse à Illkirch. D’ailleurs, tu peux aussi nous faire des commandes, c’est-à-dire que tu peux nous ramener du tissu, ou un vieux vêtement, et demander à qu’on le transforme selon ton envie. Là, par exemple, j’avais fait une veste pour un chanteur », explique Marie-Josée, en sortant son téléphone et en me montrant ladite veste réalisée sur mesure avec du tissu recyclé.
Pourquoi jeter après tout, quand on peut transformer ?
Une toupie avec du plastique
Et c’est aussi le leitmotiv d’Octopus, une association qui lutte pour la préservation des écosystèmes marins et aquatiques. Octopus porte un projet « Precious plastic », qui permet, avec du plastique recyclé de créer des objets ! C’est justement le thème de leur atelier « Recycle le plastique pour mieux bricoler ». Sur leur stand est installé une machine, on dirait un laboratoire de savants-fous, mais pas si fous ! En effet, la première étape est de récupérer du plastique, de le broyer en milliers de petits morceaux, puis de le faire fondre, et ensuite, à l’aide d’un moule, on peut créer un nouvel objet !
« Tu peux même venir déposer tes déchets plastiques triés chez nous, on est aux Ateliers éclairés, rue de la Coopérative, et tu peux les transformer en un objet que tu peux ramener chez toi », me confie Chloé, enthousiaste.
En effet, sur nos déchets plastiques, seulement 33 % sont réellement triés et recyclés à Strasbourg, donc autant ramener une partie à Octopus car au moins on saura ce qu’est devenu notre plastique. Même si ce n’est pas LA solution sur le long terme, puisque l’idéal serait de ne plus consommer de plastique du tout, elle permet au moins de recycler les déchets plastiques qui envahissent nos maisons, nos rues et nos cours d’eau. Et carrément de les transformer en objet d’art artisanal ! C’est d’ailleurs plutôt jolie le plastique fondu, ça créer des couleurs et des formes qui ressemblent à de petites galaxies.
« Alors, si tu veux nous ramener tes déchets plastiques, privilégie les plastiques de catégorie 2 (HOPE) et/ou 5 (PP). Les plastiques de catégorie 6 ne peuvent pas être recyclés car trop dangereux. Mais en général, ceux qu’on à la maison, c’est du 2 et 5 », détaille Chloé.
Je suis repartie avec une toupie, dont j’ai vu toute la conception, en même pas cinq minutes, avec la machine à presse, et une invitation à venir à leur première permanence pour découvrir leur Octo’labo, qui aura lieu le 26 octobre, de 17h à 20h30, au 4 rue de la Coopérative. Je ne sais pas vous, mais moi j’y serais !
« On sème les graines comme on sale un plat ! »
Ma toupie en poche, j’avance sur un autre parcours « Découvre le jardinage au naturel ». J’aperçois Kader, devant une floppée de petits visages attentifs. Kader travaille aux Jardins de la Montagne Verte, passionné par le travail de la terre, il apprend, dans son atelier du jour, à semer des graines de radis bio.
« Les enfants, vous allez prendre une poignée de graines, moi je la prends dans la main gauche car je suis droitier ; puis, attendez ! Vous avez déjà salé un plat ? Et bien, on va faire comme si c’était du sel, on va pincer les graines avec nos doigts et faire comme si on salait au-dessus du pot », indique Kader aux enfants qui s’exécutent.
Puis, bien sûr, chacun est reparti avec son pot. « Dans quinze jours, si tout va bien, les graines vont germer », atteste Kader.
Le lendemain, Kader est de retour, et je profite de ses savoirs pour me cultiver. Et oui, on cultive des plantes, mais aussi son esprit !
Les Jardins de la Montagne Verte ont déjà plus de 20 ans, c’est de l’agriculture biologique, et ils font aussi de l’insertion professionnelle. Kader y travaille depuis 1 an et demi, et son truc à lui c’est la transmission.
« Y a l’agriculture traditionnelle, y a le bio et y a la biodynamique. Et moi je me suis intéressé et formé en biodynamique. C’est Rudolf Steiner qui est à l’origine de la biodynamie et ça se base sur l’anthroposophie », poursuit Kader, qui me noie de ses savoirs comme on arrose une plante.
Pour faire simple, c’est une manière de cultiver la terre dans le respect de l’environnement, l’humain n’est que la main qui va accompagner la nature, pas la contraindre. La terre est un organisme vivant qu’il faut respecter sans y ajouter d’additifs chimiques afin de préserver l’écosystème des sols. D’ailleurs, la biodynamie est à l’origine de l’agriculture biologique, mais ça n’est pas la même chose. En conclusion, Kader m’a conseillé de regarder le documentaire « La guerre des graines », et de mon côté, j’ai vraiment appris beaucoup de choses.
« Mettre de la conscience dans nos pratiques »
Souriant derrière son stand, je retrouve Ludovic d’Hop La Transition, qui est tout autant un bavard et un puit de connaissances que l’est Kader ! Le but de cette association citoyenne, créée en 2022, est de permettre aux personnes de comprendre les enjeux environnementaux. Et oui, car si on n’y comprend rien, comment peut-on agir ? Leur outil est la Fresque du climat, mais aussi de nombreux ateliers de sensibilisation, des conférences, et du partage de savoirs. Ludovic anime un atelier « Apprendre ce qui se cache dans l’énergie ». Le but de l’atelier est de questionner sur l’utilisation de l’énergie, mais aussi savoir ce que représente, en terme énergétique, la construction d’un objet. Le jeu est de réussir à mettre dans l’ordre, du moins énergivore ou plus énergivore à sa conception, plusieurs objets : un ballon de basket, un pull, un vélo classique et électrique, un téléphone, une petite télé, une grande télé, une console de jeu, une voiture et une voiture électrique. Réponse en photos ! (Oui c’est dans l’ordre).
Mais aussi le jeu « Maxi Chou ; Mini Chou », sur les pratiques au quotidien, Mini-Chou étant plus écolo que Maxi-Chou.
« L’objectif c’est de mettre de la conscience dans nos pratiques et habitudes mais sans faire culpabiliser », souligne Ludovic.
Tous les acteurs et actrices associatifs étaient bien là pour ça : mettre de la conscience, apporter des savoirs et des solutions.
La Ville et l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) était présente pour sensibiliser au tri, en proposant un atelier de fabrication d’une éponge réutilisable « Tawashi » à partir de déchets ! Occasion de sensibiliser au temps de décomposition des déchets. La Maison du Compost a permis de savoir comment avoir un bon compost, qu’est ce qui s’y cache réellement et quel est le processus de décomposition. Les Défricheurs ont utilisé la mallette sonore pour proposer aux enfants la création d’une histoire sonore avec des bruits du quotidien. La MAIF nous a fait transpirer avec son atelier « Pédale pour la planète ». Un vélo fut modifié pour alimenter en énergie un mixeur et réaliser ainsi son smoothie avec la force de ses jambes. Boire un smoothie ne fut jamais aussi satisfaisant. Il y avait aussi La Fresque de l’Alimentation, pour nous éclairer sur les principes d’une alimentation saine, Bretz’Selle, pour nous apprendre à réparer nos vélos. Le Samu de l’environnement a organisé un concours d’éloquence « Défendre ses idées écologiques, c’est possible ». Pour le premier tour, huit participants ont défilé sur scène, parlant avec leurs mots de leurs engagements, questionnements et actions. Trois finalistes ont été départagés sur le thème imposé « Mon argent à la banque pollue-t-il ». La gagnante, Annie-Sylvie, a remporté un vélo de seconde main.
Tout au long du festival, l’association L’Eveil Meinau a proposé des spécialités culinaires maisons. Je n’ai surtout pas oublié de prendre le fameux thé à la menthe de Souad. Dehors, la crêperie ambulante La Billiguette, un vélo-remorque à assistance électrique équipé d’une cuisine avec deux crêpières qu’on appelle « billigs » (on comprend mieux le nom), a proposé des crêpes salées et sucrées pour ravir les papilles des festivaliers des Transition.S !
Enfin, l’association Ballade a apporté la touche musicale à ce festival, en clôture. C’est ce qu’on appelle, dans le jargon, terminer sur une note positive !