Dossier : la création du Centre socio-culturel de la Meinau. Partie 1 : Il était une fois, la Maison des Jeunes et de la Culture

Dossier : la création du Centre socio-culturel de la Meinau. Partie 1 : Il était une fois, la Maison des Jeunes et de la Culture

Pour qui voit aujourd’hui le Centre Socioculturel de la Meinau, on peut avoir l’impression qu’il est là depuis très longtemps, voire la nuit des temps. Cependant, le Centre n’est pas si vieux puisqu’il a été créé en 2003, donc une bonne vingtaine d’années après l’ouverture des autres centres socioculturels existants à Strasbourg. Retour sur son histoire.

L’histoire des centres socioculturels est déjà ancienne puisqu’elle remonte à la fin du XIXème siècle, lorsque des travailleurs sociaux s’établissent dans les quartiers pauvres des grandes villes, c’est le cas dans la banlieue de Londres en Angleterre, ou encore à Chicago aux Etats-Unis, où sont fondés des settlement houses. En France, des femmes, issues principalement de milieux catholiques bourgeois, s’installent dans la région parisienne, au cœur des quartiers ouvriers touchés de plein fouet par la pauvreté et des tensions sociales. Leur but est d’aider les habitants à s’émanciper pour renforcer leur pouvoir d’agir. Cette démarche en a entrainé d’autres, donnant ainsi naissance au mouvement qui s’établira en 1922 sous le nom de « Fédération des Centres Sociaux de France ».

Décentraliser la culture au cœur des grands ensembles

Les quartiers populaires de la Communauté urbaine de Strasbourg, ont bénéficié de l’agrégation « centres socioculturels » dès les années 1970, pour leur travail de proximité avec les populations des quartiers. Paradoxalement, parmi les quartiers de Strasbourg pas encore agréés, la Meinau est toutefois précurseur en matière d’animation socioculturelle. Comment cela est-il possible ? Parce qu’il y a eu dans ce quartier une étape préalable au Centre socioculturel, c’est celle de la Maison des Jeunes et de la Culture (MJC). Cette dernière est créée en 1960, alors que les travaux de construction des immeubles du « grand ensemble » de la Canardière sont encore loin d’être terminés.

Nous ignorons quelle association ou quels habitants auraient pu demander sa construction initiale. Il s’agit sans doute d’une décision prise au niveau gouvernemental pour mettre en œuvre le programme du nouveau Ministre de la Culture André Malraux. Ce dernier a alors pour objectif de développer les lieux décentralisés de la culture. De plus, nous savons que cette première MJC avait été implantée entre le bout de l’avenue de Normandie et la rue Joseph Weydmann, en plein cœur de la cité HLM. Cette position géographique a permis la participation active de certains locataires HLM qui y animeront des ateliers « fer » ou « bois », poterie, fabrication de marionnettes, échecs etc.

Cette dynamique participative, particulièrement intéressante, qui créé du lien entre les habitants de la Meinau va, cependant, être stoppée de façon expéditive, quelques années plus tard, suite à des démarches collectives d’utilisateurs de la MJC qui la trouvent trop exiguë. En octobre 1965, les nouveaux locaux de la Maison des Jeunes et de la Culture, fraîchement construit, place de l’Ile-de-France, à l’autre bout de l’avenue de Normandie et éloignés du cœur de la cité HLM, sont ouverts aux publics.

Un rayonnement au-delà des frontières du quartier

La nouvelle MJC est un équipement en dur et plutôt spacieux, qui ponctue la vie du quartier de la Meinau en proposant diverses activités telles que le judo, des ateliers photos et poterie, des animations pour enfants, des sorties ski etc. Servant de lieu de rencontre et de tissage de liens, la MJC intéresse beaucoup de personnes, au-delà des frontières du quartier de la Meinau, qui viennent de la SIBAR toute proche mais aussi du Centre-ville. Cet équipement dispose aussi d’une bibliothèque.

La MJC dans les années 70. Source : Le Nouvel Alsacien, article du 3 juin 1972. ©Europ-Flash

Ainsi, la MJC devient progressivement un lieu de concert avec des chanteurs et musiciens régionaux comme François Brumbt ou encore Roger Siffer, ou venant d’autres régions comme par exemple la Bretagne. Le 7ème art y prend aussi une place importante puisque la MJC est aussi un endroit de projections cinématographiques.

Toutes ces activités en font un haut-lieu de rencontres et d’animations diverses, où s’organise régulièrement des fêtes dans la grande salle capable d’accueillir jusqu’à 500 personnes ! Ce qui fait réellement de la Meinau, un quartier précurseur en matière d’animations socioculturelles et fort d’un maillage associatif divers et varié brassant du monde.

Rudi Wagner

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