A la fin des années 80, la MJC se trouve au début d’un processus qui se termine par l’abandon de l’affiliation au mouvement des MJC. En 1986, cet espace devient officiellement une salle de spectacles conventionnée axée sur la musique et la danse : aujourd’hui POLE-SUD. Les habitants de la Meinau cherchent donc une solution pour pallier le vide laissé en matière de structure de proximité et se tournent vers l’idée d’une “Maison de convivialité”.
La perte de la grande salle polyvalente
En 1986, la MJC décide de transformer la grande salle polyvalente en une salle de spectacles. Celle-ci ne peut plus servir à des moments festifs et conviviaux. Les sièges fixes des gradins entravent la poursuite d’animations variées et vivantes existantes jusqu’alors. Les gens du quartier tentent alors de trouver une solution de remplacement et décident de se tourner vers les pouvoirs publics en utilisant le levier politique.
En 1988, un groupe de femmes, membres de l’Association des locataires HLM, va ainsi interpeller de façon assez vive le maire, Marcel Rudlof, qui avait succédé à Pierre Pflimmlin. En tournée dans le quartier, le maire est assez étonné de la demande puisque de son point de vue la salle de spectacle fait l’affaire. Le groupe des femmes lui fait observer que suite à la disparition de la grande salle polyvalente, le quartier souffre de l’absence d’un équipement permettant de se rencontrer et de partager des activités entre habitants du quartier. Ce manquement met en péril la convivialité et l’organisation de projets collectifs. Il est donc demandé au maire d’envisager la construction d’un lieu de rencontre et de convivialité à la Meinau, où tous les acteurs.trices et les habitants peuvent se réunir.
Pourquoi pas une « maison de convivialité » …
Un collectif qui réunit l’ensemble des acteurs.trices des associations de la Meinau, saisi de cette demande, créé un groupe de travail ad hoc qui va poser les éléments fondamentaux de ce futur lieu. Celui-ci se met d’accord sur l’objectif d’une Maison de convivialité qui pourrait être construite, un peu en marge du quartier pour éviter les nuisances sonores, par exemple sur le terrain municipal à côté du cimetière et du Baggersee. En plus des aménagements internes, le groupe propose un podium extérieur pour permettre la tenue de bals, concerts et d’événements extérieurs.
… au Baggersee
La première réponse positive vient en 1989, lorsque la nouvelle équipe municipale arrive au pouvoir à Strasbourg sous l’égide de Catherine Trautmann. Dans le cadre de la restructuration des équipements du Baggersee, cette dernière propose que la salle qui y existe déjà, à l’état brut, pourrait devenir cette fameuse Maison de convivialité demandée par le Collectif des associations. On a pu longtemps garder une trace de cette décision par l’intitulé officiel de ces « salles de convivialité du Baggersee » que les habitants et associations de la Meinau pouvaient louer de façon prioritaire.
Le Collectif des associations de la Meinau accepte de travailler avec la municipalité sur l’aménagement de ces locaux mais refuse de voir en ce lieu l’équipement de proximité nécessaire au quartier. Des acteurs tels que la PAM et l’Atelier, qui mettent en place des activités de loisirs pour les jeunes y proposent qu’une salle soit leur soit réservée, voire dédiée. Après six mois de concertation avec des jeunes, la salle y est installée, comme ils le souhaitent, sous forme de bar. Ce qui débouche sur une une belle dynamique au sein du quartier de la Meinau.
Rudi Wagner