Dossier : La création du Centre socioculturel de la Meinau. Partie 3 : Des années d’imbroglio !

Dossier : La création du Centre socioculturel de la Meinau. Partie 3 : Des années d’imbroglio !

Avant la création de l’Association du Centre socioculturel (CSC) de la Meinau, un véritable combat fut mené entre les associations et les pouvoirs publics afin de doter le quartier d’un équipement type centre socioculturel.

Alors qu’un collectif d’associations ménauviennes est constitué depuis déjà quelques années, le projet de « maison de convivialité » est finalement délaissé au profit d’un équipement socio-culturel plus important. En effet, la salle du Baggersee montre ses limites, et s’avère trop à l’écart du cœur du quartier de la Meinau. Son éloignement ainsi que son emplacement à côté du plan d’eau ne permettent pas de remplir sa fonction escomptée de lieu de tissage de liens !

Le coup de pouce des élus de la Meinau

En 1998, lors des élections du Conseil général, les deux principaux candidats, Jean Philippe Maurer et Alain Kauff, habitant tous deux le quartier, s’engagent résolument pour la construction d’un Centre socioculturel au cœur du quartier. Ils tiennent tous deux parole, Jean-Philippe Maurer comme conseiller nouvellement élu à la place de Daniel Hoeffel et, Alain Kauff, comme adjoint du quartier de la Meinau. Bien qu’élus sur des listes opposées sur le plan politique, il faut leur reconnaître ce mérite d’avoir suivi de bout en bout et de très près l’avancée des discussions préalables à la construction d’un tel projet ! Ils sont intervenus quelquefois de façon très critique par rapport à des décisions prises en “haut lieu” et leur action permit l’avancée définitive du projet.

Un chantier, trois structures

Il fallut encore attendre près de cinq ans et de nombreuses péripéties pour aboutir à la construction du Centre socioculturel tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Le chantier du bâtiment qui regroupe les trois structures CSC Meinau, Médiathèque et POLE SUD
Le chantier du bâtiment qui regroupe les trois structures CSC Meinau, Médiathèque et POLE SUD

Le Collectif avait exprimé sa volonté de placer le CSC sur le terrain vague, entre l’église Saint-Vincent-de-Paul et l’Ecole de musique POLE-SUD. La grande difficulté résidait dans la désignation administrative, donc dans le choix de l’administration communale qui porterait le projet et qui le financerait. La décision prise par le maire Roland Ries était le rattachement du projet de Centre socioculturel au pôle Culture, en l’occurrence à POLE SUD et à son développement, mais aussi au chantier de la future Médiathèque. Du fait de ce rattachement, l’ensemble du projet était fort coûteux (plus de 4 millions d’euros). Ainsi, un appel à projet fut lancé afin de transformer ce terrain vague en un équipement regroupant les trois structures à vocation culturelles et sociales, à savoir le CSC Meinau, la Médiathèque et POLE SUD.

La joute des mètres carrés

Mais l’un des freins à la bonne marche du projet se situa au niveau de la Ville de Strasbourg. Lors d’une des réunions de concertation avec les associations au sein d’un comité de quartier, il fut décidé que la grande salle du futur CSC devrait mesurer au minimum 400m2. Quelle ne fut pas la surprise des acteurs associatifs lorsqu’ils apprirent que la municipalité avait finalement décidé que la grande salle mesurerait seulement 280 m2. Comment une telle décision avait-elle pu être prise dans “le dos des Meinauviens” ? A l’unanimité, une motion fut adoptée, soutenue par Alain Kauff et Jean-Philippe Maurer. Le Collectif demanda au maire, Roland Ries, de revenir sur sa décision et de retenir les 400m2, afin de respecter la volonté des acteurs du quartier. Mais aucune réponse ne leur fut adressée. Tout paraissait complètement bloqué.

En attendant des nouvelles de la municipalité quant aux dimensions de la grande salle, les associations furent conviées au Centre administratif pour la présentation officielle du cabinet d’architectes lauréat de l’appel d’offres. Ce ne fut ni Roland Ries, l’ancien maire qui avait dû laisser place à Catherine Trautmann, ni cette dernière, qui présentèrent l’heureux élu. C’est à Norbert Engel, adjoint à la culture, que revint cette tâche. Il commença son speech par une annonce qui surprit tout le monde, à savoir le retour à une grande salle de 400m2. L’architecte lauréat fit savoir à l’auteur de ces lignes, assis à côté de lui, qu’il apprenait cette nouvelle. L’architecte ajouta de façon lapidaire qu’il ne savait pas comment il allait pouvoir satisfaire cette exigence. Enfin, nous savons qu’il y arriva, même si d’autres espaces du CSC s’en retrouvèrent bien diminués.

Le difficile choix de la gestion !

Vue en contre-plongée des mains d'un groupe multiracial de personnes travaillant avec des idées et réfléchissant ensemble pour prendre des décisions avec des documents sur une table dans un travail d'équipe de bureau créatif
Avant la création du CSC Meinau, les acteur.trice.s du territoire ont dû se rencontrer à plusieurs reprises pour trouver un accord, et notamment identifier qui allait gérer la future structure socio-culturelle. © g-stockstudio

Force est de reconnaître que le temps des réunions fut long parce qu’il y avait également de profonds désaccords entre les acteurs du quartier quant à l’orientation de ce Centre et surtout aussi quant à sa direction. Du fait du passif de ces associations sur le quartier de la Meinau, et des désaccords antérieurs, il fut difficile de fonder un projet social commun où l’ensemble des acteurs pourraient se reconnaître. Il y avait d’une part, les associations qui travaillaient ensemble depuis longtemps au sein du Collectif, depuis lequel s’était créée l’Association culturelle et sociale de la Meinau (ACS Meinau) et l’Association familiales laïques (AFL Meinau). Eux souhaitaient une direction qui ne soit pas du quartier. Et il y avait, d’autre part, un autre groupe associatif constitué autour de l’Atelier, qui visait le poste de direction pour Marie-Lou De Oliveira, alors coordinatrice enfance à l’Atelier. Son poste n’étant plus financé par le Conseil Général au titre de la prévention spécialisée, et il lui fallait se trouver un autre poste. Toutefois, les financeurs firent le choix d’une direction qui vienne d’ailleurs. Ainsi, il fallut de longs mois de discussions et un retrait de l’Atelier pour pouvoir avancer.

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