L’ancienne forge de la Meinau était depuis quelques temps laissée à l’abandon, et servait surtout de lieu de stockage. Mais en 2023, un artisan s’y est installé, rejoint progressivement par trois puis quatre autres personnes. L’Atelier de la Fédération est né. Il s’agit d’un regroupement d’artisans indépendants.

C’était quoi avant ?
D’abord Tôlerie de Strasbourg, c’est-à-dire une usine de construction métallique, dont la trace remonte à 1923 ; elle est rachetée par les Forges de Strasbourg, après un sinistre en 1943. L’usine, située le long de la rue de la Fédération, se déploie à travers divers ateliers et magasins jusque dans les années 60.
D’abord, il y avait des pièces d’aviation, puis on y construisait les lampadaires de la Ville de Strasbourg, avant que l’entreprise d’ascenseurs Montas n’y occupe les lieux. « On a d’ailleurs récupéré deux anciennes portes d’ascenseurs, la porte de la cuisine c’en est une » explique Yann Marticou, artisan coutelier. L’Atelier a des machines anciennes, comme la grosse presse « qui a plus de 100 ans », souligne Yann.

Puis, un forgeron s’y est installé : il y faisait de la ferronnerie et y travaillait le bois et le métal pour réaliser des projets d’escaliers par exemple. Cependant, les activités de la forge se sont essoufflées peu à peu. Le forgeron qui l’occupait avait, pour des raisons personnelles, laissées les choses à leurs libre court.
Bruits et poussières
Yann connaissait le lieu et l’ancien locataire, il allait souvent y forger pour se faire la main. Lorsqu’il a appris que la forge allait se libérer, il a sauté sur l’occasion. C’était en été 2023. Yann signe un bail qu’il avait négocié directement avec le propriétaire et commence à chercher des partenaires pour former un atelier alternatif qu’il souhaite appeler « Bruits et poussières ». Sa volonté ? Créer un lieu où on travaillerait le bois et le métal. Yann passe des petites annonces qu’il va coller ici et là, et notamment au CRIC, un tiers lieu qui rassemble un collectif d’artistes et d’artisans à Strasbourg. Très vite, Jules, charpentier, se présente, puis c’est au tour de Victor.

Il y a du travail sur place, l’entrepôt est vaste, débordant de déchets, remplit de poussières, et difficile à désencombrer et décrasser. Yann forme une équipe de choc parmi ses ami.e.s qui viennent lui filer un coup de main lors des phases de chantiers participatifs : nettoyage, rangements, peinture.
« Coopérative artisanale ! »
Et « après moultes voyages à la déchetterie », pour reprendre les mots des occupants, l’Atelier commence à prendre forme.
« L’Atelier est en perpétuel réaménagement, on fait toujours des portes, fenêtres, on pense à la gestion de l’espace et l’agencement, il y a toujours un milliard de choses à faire », confie Yann.
Il faut dire qu’avec l’arrivée récente d’Augustin, ils sont quatre artisans à se partager l’espace, et si on compte les associés respectifs, ça peut aller jusqu’à 6 ou 7 !
« On fait aussi de la sous-loc pour des projets afin de donner la possibilité aux personnes d’avoir un espace de création » poursuit Jules.

Les quatre artisans sont colocataires ici ; c’est-à-dire qu’ils sont tous indépendants, mais chacun paie sa part du loyer. Aux termes « atelier partagé » ou « colocation d’indépendants », ils préfèrent utiliser « coopérative artisanale » pour définir ce lieu totalement mutualisé !
Depuis leur installation, il y a eu deux inaugurations officielles et aussi des journées portes-ouvertes au public pour en faire un lieu vivant. Leur volonté est que ce soit un endroit de travail agréable et accessible. Il faut bien s’identifier sur le quartier, surtout que la Plaine des Bouchers est une vaste zone d’activités.