Accropatch fait partie des acteurs qui animent, rythment et enrichissent la vie du quartier de la Meinau. Ce groupe de femmes, unies par leur passion pour le patchwork, s’est engagé dans une aventure qui les réunit tous les lundis, de 14h à 16h, au Centre socioculturel de la Meinau.
20 ans d’existence !
C’est dans la salle violette du centre socioculturel, que les femmes du groupe se retrouvent pour concocter fleurs, peluches, coussins, sacs, nappes et draps. C’est tout un savoir-faire qui tient dans les mains de fées de Françoise, Lydia, Eriko, Anik, Saguita, Marie-Odile, Claudine, et Huguette Judes, la présidente.
Elles travaillent à partir de tissus de réemploi, certains rapportés d’Afrique, d’autres récupérés auprès de firmes, notamment à Sélestat, dont la spécialité est le tissu, ou encore des dons et parfois, des achats par les membres du groupe.
Depuis la naissance d’Accropath, en 2005, ce groupe, pour l’heure exclusivement composé de femmes, a vécu un parcours qui n’a pas été sans embûches ! En effet, aucun incident n’aurait été vécu plus péniblement qu’au moment où elles ont dû quitter le Centre Médico-social, rue de la Canardière. C’est ainsi, qu’elles devaient intégrer le bâtiment flambant neuf du Centre socioculturel de la Meinau.
Mais le directeur de l’époque, chargé de leur fournir une salle, déclarait ignorer l’utilité d’Accropatch ; alors que ce groupe n’avait jamais cessé de se distinguer par la nature des œuvres solidaires et d’entre-aides auxquelles il se consacrait ! Mais l’histoire s’est bien terminée, puisqu’une salle leur a finalement été accordée.
Au service de bonnes causes !
Il faut dire que grâce à Accropatch la Meinau voyage dans le monde entier ! De fil en aiguilles, elles ont fabriqué tout type de pièces, couvertures, sacs, accessoires, dont ont bénéficié des femmes victimes de violences en Guadeloupe ; des orphelins à Pondichery en Inde, et au Vietnam, ainsi que des enfants abandonnés, hébergés dans des centres de protection socio-judiciaire juvénile ou ceux hospitalisés, via l’initiative « Cassandra » ; des personnes âgées en EHPAD ; ou encore les victimes de catastrophes humanitaires, comme au Japon, lors du tremblement de terre de Fukushima. Elles ont également créé des poches de survie pour les koalas et kangourous rescapés de l’incendie qui ravagea l’Australie en 2022.
Enfin, leurs ventes solidaires pendant les temps festifs, comme au marché de Noël Solidaire Neuhof-Meinau qui a eu lieu en décembre 2023, ont généré des bénéfices qui ont permis de financer quelques-unes de leurs actions de soutien à « Octobre Rose », ou encore aux profits des populations victimes des conflits armés en Ukraine, au Moyen-Orient et à Gaza.
Leur travail est monumental. Aussi bien que si une carte était établie contenant en détails tout ce qu’elles ont envoyé, entre nature d’actes de solidarité ou de soutien, cette carte pourrait s’appeler : « la carte ou le plan bonheur » !
Seconde vie et réemploi au cœur du processus
Et c’est sur les mains de ces femmes, des mains et des cœurs de femmes qui opèrent l’idée vintage du recyclage ou l’art de donner une nouvelle vie à des tissus de récupération, supportant des piqûres d’aiguilles, sacrifiant de leur temps de famille et, maintes fois, investissant de leurs propres économies, que repose cette réussite. Celle d’apporter du réconfort et de voir les visages souriants et enjoués des bénéficiaires, d’ici et d’ailleurs.
Le groupe de femmes, assises en rang carré autour des tables, affichent une disposition en faveur d’une idée de mission, grande et méritoire, à laquelle elles se consacrent avec ferveur depuis tant d’années.
Elles ne semblent plus décontenancées par le découragement initial qu’aurait pu asséner les commentaires désobligeants que le directeur précédent avait tenu à leur égard. Leur réussite tient à leur action, sur la durée, et se doit à leur persévérance à défendre des causes justes.
Accropatch ce n’est pas simplement un groupe de femmes qui cousent dans leur coin seulement pour leur propre plaisir, c’est tout un processus qui a du sens ! De la récupération de matériel et fabrication d’un objet nouveau, en passant par les différents talents et savoir-faire relationnels dont elles ont fait preuve pour permettre de travailler avec divers partenaires, institutions et structures associatives, à leurs connaissances des tissus, de l’art de la couture et de son esthétique, c’est autant d’éléments qui permettent de saisir le sens de leur engagement.
C’est un sentiment d’admiration et de reconnaissance qui s’affirment en constatant les mines concentrées et consciencieuses de femmes, dont les pensées semblaient, pendant un instant, éloignées des soubresauts qui traversent la société. Un filigrane de fierté contenue se lit sur leurs visages que trahissent la satisfaction, le plaisir et la joie procurés par le seul fait de participer et de contribuer à un idéal plus vaste, humain et social.
Accropatch est un bel exemple de réussite dont le quartier Meinau peut être fière.
James Atomre Meta
