La croqueuse du 25
La grande croqueuse s’attaque à la tour, c’est toute une histoire qui revient !
Le 12 juin 2024, le directeur d’Ophéa, entouré de représentants de la Ville de Strasbourg, et de l’entreprise chargée des travaux, avait invité les anciens locataires, les riverains et plusieurs associations du quartier pour une présentation du chantier de démolition.
Les tours, symboles emblématiques du quartier de la Meinau
C’est l’avant-dernière des six tours du secteur Ophéa (CUS habitat) qui ont été construites entre 1955 et 1965, et conçues par l’architecte Charles-Gustave Stoskopf. Elles constituaient un symbole emblématique du quartier de la Meinau.
Par la suite, devenues trop difficiles à habiter, ces tours ont été démolies au fur et à mesure pour laisser place à des petits immeubles. Tout cela dans le but de diversifier les formes d’habitats. La tour du 25 Schulmeister, abritait 71 logements. Il sera construit une petite résidence en locatif privé et en accession sociale à la propriété.
50 % des locataires relogés à la Meinau
Le directeur d’Ophéa, Julien Mattéi, anciennement responsable de la direction du territoire Meinau-Neuhof, a présenté le Nouveau Programme de Rénovation Urbaine (NPRU) dans le secteur Ophéa. Il comprend la démolition des deux dernières tours, la tour ici présente, au 25 rue Schulmeister, et la tour du 15 rue de Provence qui sera démolie en 2025. Le projet comprend la rénovation de 170 logements avec la création de balcons, la construction de deux résidences dont une adaptée aux personnes âgées, et une nouvelle antenne d’Ophéa. L’antenne actuelle servira à agrandir la maison de santé. Selon les données, 50 % des locataires de la tour ont été relogées à la Meinau.
Un « bras » articulé de 29 mètres de hauteur
L’entreprise Lingenheld chargée de la démolition, avait déjà déconstruit les équipements intérieurs, les ascenseurs, les menuiseries, l’isolation thermique en façade et les balcons, certaines cloisons, les revêtements de sol etc.
La «grande croqueuse » est prête à intervenir. La déconstruction intérieure aura duré plusieurs mois, la démolition par la croqueuse prendra 2 à 3 semaines.
Il s’agit d’un bras articulé de 29 mètres de hauteur fixé sur un véhicule à chenilles et fonctionnant avec des vérins eux-mêmes actionnés par des circuits hydrauliques sous pression. L’engin vient d’être conçu exprès pour ce genre de démolition et sera également utilisé pour démolir une partie du stade de la Meinau en cours de rénovation.
Ensuite, les matériaux de démolition seront emmenés dans une centrale de concassage à Obershaeffolsheim, une partie rentrera dans la composition de nouveaux bétons, une autre servira à des soubassements.
Sous nos yeux, la croqueuse mordille le linteau d’une fenêtre du dernier étage. Un bandeau de zinc s’envole, les meneaux des fenêtres du grenier restent suspendus en se balançant, retenus par les ferraillages. Pour atténuer les poussières produites par la démolition, un canon à eau asperge les gravas dans leur chute.
La démonstration est terminée. Nous restons un temps pour échanger et nous remettre de nos émotions.
Témoignages de riverains et d’anciens locataires
Après la démolition, nous rencontrons une habitante riveraine de la tour, au premier rang du spectacle, et aussi un ancien locataire qui nous a raconté son histoire. Ce dernier a habité cette tour de 1989 à 1999, d’abord avec ses parents, puis avec sa propre famille. Il a de bons souvenirs de ses voisins dont plusieurs entretenaient des relations amicales. Par exemple, il allait réparer la télé d’une voisine qui habitait au 10ème étage. Quand sa famille s’est agrandie, il est parti habiter à Bischheim, mais il est revenu souvent, puisque son beau frère a habité l’immeuble encore longtemps. Il a constaté les dégradations qui sont arrivées dans l’immeuble.
Atelier de quartier « mémoire des habitants »
En parallèle, nous avons créé l’atelier « mémoire des habitants » dans le cadre de l’assemblée de quartier. Nous avons déjà fait du porte à porte auprès des habitants de deux immeubles. Notre idée était de recueillir les témoignages sur la vie dans ces immeubles et sur les relations avec le quartier.
Cette démolition nous donne envie de continuer ce travail de mémoire. Les lecteurs intéressés et disponibles pour nous rejoindre sont les bienvenus.
Vincent Leport