Les dix ans de l’Oasis de la rencontre : de la Meinau au Proche-Orient

Les dix ans de l’Oasis de la rencontre : de la Meinau au Proche-Orient

Le 7 octobre 2023, le conflit israélo-palestinien refait la Une des journaux et anime les écrans télévisé du monde entier. Une semaine plus tard, à moins de huit kilomètres de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, du Conseil de l’Europe et du Palais des Droits de l’Homme, « un jardin extraordinaire ( …)  ose la fraternité » et fête la paix et l’amour entre les différentes communautés religieuses habitant le quartier de la Meinau.

Claude Haekel à la chorale de l'Oasis ©TTCM Production

Un jardin extraordinaire…

 Ce « jardin extraordinaire », c’est également une chanson chantée par la chorale Oasis de la rencontre et écrite, à cette occasion, par Jean Brousse. Les paroles font référence à l’identité du jardin interreligieux de l’Oasis de la rencontre « crée grâce à l’amitié sincère entre un curé, un pasteur, un imam et un rabbin » avant que la communauté arménienne, bahaie et hindoue ne les rejoignent, comme le rappelle Jean Pierre Buecher, curé de la paroisse Saint-Vincent-de-Paul de 2000 à 2013 :

« Toutes ces graines ont germé dans cette terre commune. (…) Continuons de semer et de cultiver l’avenir ensemble.  (…) Continuons à croire que nous ne sommes pas faits pour la violence. ( …) Protestants, musulmans, catholiques, juifs, c’est le même combat, c’est la force spirituelle en nous qui nous rassemble ! »

L’Abbé Sébastien Laouer, curé actuel de la Meinau, invite, également, « l’actualité du moment, au Proche-Orient, aux dix ans de l’Oasis de la rencontre », pour nous rappeler que :

« Nous sommes tous frères et sœurs lorsque n’importe quelle zone du monde est en guerre (…). Lorsque nos religions, ou ce par quoi nous les représentons font l’objet de nombreuses attaques. (…) Cette fête de l’Oasis rappelle que nous sommes d’un même cœur uni contre toute idée mortifère ».

… Où l’on cultive l’amour, la paix et la fraternité

D’ailleurs, « l’univers a été créé pour l’amour et la fraternité et pas pour la discorde, nous dit  Baha’u’llah, fondateur de la foi Baha’ie. L’association Bhakti Mandir, qui représente la communauté hindoue, précise que chrétiens, juifs, musulmans, hindous et bahais se retrouvent  à vivre sous le même toit qui est le ciel et sur le même sol qui est cette terre-mère, pour vivre ensemble en tant qu’égaux dans la dignité ».

La communauté arménienne, à travers les paroles du Père Komistasv, voit dans le jardin de l’Oasis, « le paradis de notre pensée et de notre âme (…) où l’idée du mal n’aura jamais sa place, ni dans ce jardin, ni en Artsakh-Karabaghn ni en Israël ou en Palestine, ni en Ukraine ni nulle part dans le Monde ».

Pourtant, diriez-vous, le mal a encore et en corps frappé le 7 octobre ! Force est de constater, dans un tel contexte pour le moins tragique, l’absence du rabbin Mendel Samama à cette fête du Jardin de l’Oasis de la rencontre ! Dieu sait que « rien n’est facile quand l’émotion nous prend par la gorge, quand notre peuple est anéanti dans son cœur et dans sa chair », nous confie Dora Husselstein, membre de la communauté juive, qui souhaite de tout cœur « que chacun ait le droit de vivre dans sa différence ».  La Pasteure Ulrike Richard-Molard rappelle quant à elle « la longue tradition protestante du dialogue entre personnes très différentes ».

« Dépasser les idéologies religieuses pour aller vers l’humain »

L’imam Faye Saliou, l’un des quatre protagonistes à l’origine de ce jardin avec Jean Pierre Buecher, le rabbin David Arbergel et le pasteur Arnaud Stoltz, ne manque pas de préciser « qu’il a fallu des années à ces acteurs de paix pour que cet Oasis voit le jour dans le quartier de la Meinau » avant d’évoquer à travers un très beau poème « le faire-ensemble et le vivre ensemble, dans le dialogue et la fraternité, au regard de tout ce qui se passe au niveau national, international et au Proche-Orient », pour nous inviter à agir pour la paix et le respect de nos valeurs républicaines.

« Une terre sainte mérite autre chose que d’être abreuvée par le sang des innocents. Continuons donc de dialoguer, de discuter, de trouver des solutions pacifiques et justes afin de dépasser les idéologies religieuses pour aller vers l’humain et la mise en œuvre des valeurs de la République ».

Serait-il possible de trouver « des solutions pacifiques et justes » avec un contentieux vieux de soixante-quinze ans ? Des solutions qui oseraient la fraternité pour un vivre-ensemble à l’image de la diversité, de l’harmonie et de la beauté, qu’offre le jardin de l’Oasis de la rencontre aux passants et au monde ? Oui, c’est possible, nous disent Jean, Silvia, Jocelyne, Boujemaa et bien d’autres petites mains bénévoles qui viennent, chaque mercredi matin, entretenir ce jardin avec Claude Heckel qui en est le président. C’est possible nous disent aussi toutes les associations présentes, ce jour-là, pour sensibiliser, à leur manière, au dialogue des religions et à l’union entre les peuples, à l’instar des associations : Théodore, Bhakti Mandir, Bahai, Eveil Meinau, Scouts Musulmans de France et l’Afev.

C’est peut-être bien de ces solutions dont rêve Claude Heckel, quand il se met à chanter, la guitare à la main, « Ecoute dans le vent » de Bob Dylan et Un jardin extraordinaire ! C’est peut-être bien ces chants d’amour et de fraternité qu’il fredonne avec tous ceux qui entretiennent ce  jardin interreligieux, qui fait s’arrêter les Meinauviens et les passants qui le prennent en photo pour le partager avec le monde et réanimer l’espoir sur les smartphones, les réseaux sociaux et les écrans télévisés !

Décidément, le jardin de l’Oasis de la rencontre n’est pas qu’un simple jardin !

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