A la Meinau, les jeunes font leurs courts-métrages
Débuté en 2020, le projet court-métrage des jeunes du Centre socioculturel de la Meinau, s’est concrétisé sur de belles avancées et tend vers une dynamique pérenne.
En 2020, les jeunes du Centre socioculturel de la Meinau ont eu l’idée de proposer un court-métrage dans le cadre du Festival des Quartiers, organisé par l’association RCA-Odyssée. L’équipe du secteur jeunesse, et notamment l’animatrice Virginie Borriazzi, ont pris à cœur le projet des jeunes. L’aventure commence. Le projet pédagogique est clair : permettre aux jeunes de s’autonomiser, de se responsabiliser et d’acquérir des compétences professionnelles. Entre « faire soi-même » et « faire ensemble ».
« Lé Déglingosse » : prix de l’humour
Une première séance est organisée afin de discuter du projet. Il faut trouver un scénario. Mais la pandémie de covid-19 s’invite ! Pas de panique, le projet sera mené au bout, avec plus de temps.
« Ce fut très long et compliqué », confie Sariel, 13 ans à l’époque. Les jeunes ont leur idée : faire rire. Un peu d’humour dans une période bien sombre. C’est parti pour « Lé Déglingosse ». Avec l’aide de l’association Audiorama, les scènes sont tournées. En tout, le premier court-métrage représente six mois de travail acharné, avec peu de moyens et beaucoup de coupures. Le court-métrage est finalisé et présenté à l’édition 2021 du Festival des Quartiers ! « Lé Déglingosse » recevra le prix spécial « humour », décerné par le jury. Pari gagné, non ?
Mais les jeunes ne sont pas rassasiés. Ils n’ont pas remporté le Festival des Quartiers, et souhaitent persévérer. Mais qui sont ces jeunes ? Un groupe mixte, composé d’une dizaine de jeunes, âgés de 11 à 18 ans. Génération du numérique par excellence, ils sont attirés par l’image, les écrans, la vidéo, la photographie. C’est leur langage. Mais Virginie Borriazzi le souligne :
« Les images jouent un rôle prépondérant dans la vie des jeunes. Eux-mêmes jouent avec les images, n’hésitant pas à maquiller leurs selfies et leurs clichés, prises faciles et rapides à portée de main avec leurs smartphones. Ce projet de réalisation d’un court-métrage est donc l’occasion de démontrer aux jeunes que les images, loin d’être de simples détails anodins, influencent énormément quiconque se trouve en face ».
Vers un nouveau court-métrage
C’est dès janvier 2022, que les jeunes ont commencé à réfléchir à un nouveau scénario. Ensemble et en autonomie, ils en parlaient entre eux, sans forcément en faire-part aux équipes pédagogiques. Virginie s’est alors emparée de leurs vœux, une seconde fois, afin de les accompagner au mieux dans la concrétisation de leur projet. De toute façon, les dés étaient pipés. Face à autant d’engouement, impossible de leur refuser de réaliser leur rêve. Rebelotte, l’équipe et les jeunes se réunissent pour élaborer un plan d’action et jeter les prémices d’un nouveau scénario : c’est vers le genre horreur qu’ils se tournent cette fois-ci. Les rôles dans ce travail d’équipe sont plus ou moins répartis. Amel, 16 ans, prend en main la rédaction du scénario : « J’ai beaucoup aimé imaginer les scènes, et j’étais grave à fond ! ».
Une fois le premier jet écrit, le reste du groupe valide. Quelques modifications sont apportées. Chacun se réparti les rôles selon leur personnalité. A présent, il faut trouver des encadrants professionnels : Anaïs Sartini, intervenante artistique et fine pédagogue, qui a l’habitude de travailler avec les jeunes, les encadre, avec l’aide de Baptiste Losq, ingénieur du son. Dès février 2022, les séances de travail s’intensifient. Tout d’abord, il faut revoir les bases du genre « épouvante » : avec Anaïs, les jeunes analysent des extraits de films tels que Nosferatu, le vampire (1922), réalisé par Friedrich Wilhelm Murnau, Psychose (1960) réalisé par Hitchcock, et Shining (1980) de Kubrick.
Les jeunes comprennent alors les modifications qu’ils doivent apporter à leur scénario, qui est remanié avec la réalisatrice.
« Au début, on ne voulait pas vraiment que notre scénario soit modifié, mais finalement, Anaïs, qui est une pro, avait raison », confie Malik, 18 ans.
Une fois le scénario terminé, on recoupe les scènes, on fait les marquages, la scénographie etc. Le tournage a été fait en deux jours très intenses. Un jour, en intérieur, au Centre socioculturel de la Meinau, et un jour, en extérieur, sur le site de l’Hôpital le Lyautey.
« Il y a eu un vrai travail, et plein de découverte sur comment on filme, et comment on enregistre le son. Je suis fière de ce qu’on a fait, même si c’était compliqué à des moments, il y a des scènes qu’on recommençait dix fois, d’autres en un premier coup c’était bon. J’ai bien aimé jouer, changer d’expression, se mettre dans la peau d’un personnage, c’était grave bien », affirme Jade, 13 ans.
Les jeunes ont également participé au dérushage des scènes, il y en avait pour près de deux heures de vidéos à trier afin d’arriver à une durée maximum de quinze minutes. Puis, l’ingénieur du son, a encadré les jeunes pour créer une bande originale ; enregistrer les voix et les bruitages en post-production ! De A à Z, les jeunes ont touché à tous les métiers du cinéma : scénaristes, cameramans, perchistes, clappers, perchistes, acteurs.
« Les métiers de vidéaste, ingénieur du son et acteur, ce sont des métiers compliqués et complémentaires. Tout doit être précis, c’est assez complexe. Ce n’est pas juste tu filmes et voilà, constate Damien, 17 ans. Et surtout, ce projet m’a permis de réaliser mon rêve d’être acteur », poursuit-il.
L’Obsession du Dr. Jekyll : projection au cinéma Vox
Le court-métrage est dans la boîte à la date du 15 juin 2022. Date limite de rendu des projets pour l’édition 2022 du Festival des Quartiers. Malheureusement, cette année-là, l’association RCA-Odyssée, en charge de ce festival, n’a plus la gestion du cinéma L’Odyssée, qui est en travaux. L’édition 2022 de ce festival semble incertaine ; finalement reportée en septembre 2022, elle sera annulée, faute de participations. Pour valoriser le projet des jeunes, une première diffusion est organisée dans le cadre du Festival des Talents, qui a eu lieu le 1er juillet au Centre socioculturel de la Meinau, en partenariat avec l’association Jeep-Meinau.
Puis, bonne nouvelle, malgré l’annulation du festival des Quartiers, Jean-Marie Brom, ex-membre de l’association RCA-Odyssée, et Dominique Jung, nouveau président de l’association les RCA, ainsi que d’autres membres actifs, ont permis la diffusion, au cinéma Vox, ce 05 janvier 2023, des deux derniers courts-métrages des jeunes du Centre socioculturel de la Meinau. Une valorisation bienvenue, qui a mis du baume au cœur aux jeunes, à l’ensemble des équipes du CSC et des partenaires. Chaque diffusion fut précédée d’un débat, auquel jeunes, acteurs.trices associatifs et animateurs.trices ont participé. Occasion de faire le bilan de ce projet et d’annoncer de nouvelles perspectives.
« Un projet ambitieux » sélectionné sur 90 projets
Cerise sur le gâteau, un de nos financeurs, la CAF du Bas Rhin (dispositif « Elance-toi ») ; a sélectionné L’Obsession du Dr. Jekyll, sur près de 90 autres projets, pour représenter le Bas-Rhin dans le cadre du concours Innov Jeunes organisé par la CNAF. Une reconnaissance du travail accompli par les jeunes de la Meinau, qui peut-être, demain, seront à Paris pour porter leur projet au national !
Et la suite ?
Le projet « court-métrage » du CSC Meinau est à présent lancé et pérennisé ! Les équipes pédagogiques, et les jeunes, anciens comme nouveaux arrivants sont complètement emballés par ce projet. Rendez-vous en 2023 !
En attendant, vous pouvez visionner L’Obsession du Dr. Jekyll sur Youtube :
Acteur.rice.s : Anissa Khaldi, Eva Schwenck, Anas Khali, Maria Amouzouglo, Jade Frère, Sariel Laïb, Nahde Khali, Damien Kayser
– Scénario : Amel Chellali
– Réalisatrice : Anaïs Sartini
– Ingénieur du son : Baptiste Losq
– Techniciens : Safia Ouanoufi, Kevin Herbelin, Malik Krebs
– Musique : Baptiste Losq, Jade Frère, Yamina Houari, Damien Kayser , Malik Krebs, Sariel Laïb